Kentel skouer – Troidigezhioù

 

Pennad da lakaat e brezhoneg

 
Malgré la grossièreté de quelques individus, on sent que ce pays perdu n'a pas éprouvé les fureurs de la révolution comme le reste de la France. On n'y vit point couler le sang humain; on y dormait sous Robespierre. Bons habitants de ces contrées, bénissez les déserts, les monts et les forêts qui vous séparent du reste des humains! Les sangliers, les loups, qui ravagent vos champs, sont moins à craindre que les hommes, et beaucoup plus sensibles qu'eux.
Rien de plus champêtre, de plus riant, de plus pittoresque, que les environs de Châteauneuf; tous les grands tableaux qui vous frappent, sont terminés par la masse immense des montagnes Noires; la forêt de Laz les couronne, rehausse l'éclat d'un ciel fort éloigné, et fait ressortir les couleurs variées des beaux tapis qui descendent jusqu'aux rives de l'Aulne.
Du pied de Notre-Dame-des-Portes, on jouit d'un des beaux points de vue que j'aie trouvé dans mes voyages.
L'Aulne dessine un demi-cercle autour des plus riants côteaux, du plus élégant paysage; ses rives sont bordées de prairies, couvertes de bosquets, surmontées de chaumières, de jolis parcs et de petits jardins. Plus loin on aperçoit, au milieu des feuillages, le vieux château de Trévaré. Ce monument prépare à l'aspect redoutable d'immenses rochers, au pied desquels circule la rivière: des vapeurs sombres viennent s'y reposer, des vols de corbeaux les surmontent; plus loin les masses ondées de la forêt se confondent avec les nuages. J'ai vu des scènes plus augustes, mais jamais de plus variées.
 
Jacques Cambry (Voyages dans le Finistère)

 

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